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La sexualité au-delà de la pénétration

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Beaucoup grandissent avec l’idée que “faire l’amour, c’est forcément la pénétration.” C’est un scénario tellement répété qu’il semble naturel. Pourtant, il ne l’est pas : c’est une construction sociale, un “script sexuel”.

La pénétration peut être source de plaisir, de complicité et d’excitation. Mais, pour certain.e.s, elle peut aussi être une contrainte, une pression, ou une cause de douleurs et de frustrations.


✅ En quoi la pénétration peut rassurer, être vécu positivement

  • Elle donne un repère clair : pour beaucoup, la pénétration symbolise le “vrai rapport sexuel”.

  • Elle crée un cadre socialement validé : dans nos cultures, c’est l’acte qui “compte”.

  • Elle peut donner un sentiment d’intimité et de fusion : partager le même espace corporel, ressentir un contact interne.

  • Pour certains couples, elle constitue une source majeure de plaisir et d’excitation.

  • Elle peut être vécue comme un moment fort du couple : une étape ritualisée qui structure l’échange sexuel.


❌ En quoi la pénétration peut enfermer, être vécu négativement

  • La majorité des femmes (70–80 %) ne parviennent pas à l’orgasme par la seule pénétration vaginale : la stimulation clitoridienne est le plus souvent nécessaire.

  • Elle entretient une pression de performance (érection, durée, orgasme attendu, éjaculation).

  • Elle peut transformer la sexualité en un rituel mécanique, avec une “fin” imposée : souvent l’éjaculation masculine.

  • Elle invisibilise ou dévalorise les autres pratiques (masturbation mutuelle, caresses, jeux sensoriels).

  • Elle marginalise d’autres sexualités (les sexualités entre femmes, les sexualités LGBTQIA+, les sexualités des personnes handicapées).

  • Elle peut normaliser la douleur féminine : certaines femmes pensent qu’il est “normal” que la pénétration soit inconfortable.


🌱 Ouvrir le champ des possibles

Sortir du “tout-pénétration”, ce n’est pas renoncer à la pénétration : c’est lui donner une place parmi d’autres. Quelques pistes concrètes :

  • Exploration du clitoris : directement ou via la vulve, indispensable au plaisir féminin pour la majorité.

  • Exploration anale : caresses externes, massages, pénétration digitale ou avec accessoires — vécue par certains comme source intense de plaisir (hommes comme femmes).

  • Sexe oro-génital (cunnilingus, fellation, anulingus) : pratiques qui mettent en avant le don, l’attention à l’autre et la variété des sensations.

  • Jeux sensoriels : plumes, chaleur/froid, textures, sons, odeurs… qui élargissent l’expérience au-delà des organes génitaux.

  • Jeux de rôle, mise en scène : introduire de l’imaginaire, de la fantaisie, changer le scénario dominant.

  • Prolonger l’expérience après la pénétration : masturbation, caresses prolongées, tendresse, paroles intimes, temps de récupération partagée. Parce que la sexualité ne s’arrête pas au moment de l’éjaculation.


💬 Pourquoi c’est important ?

Repenser nos “scripts sexuels” permet :

  • d’alléger la pression de performance pour soi et pour l’autre,

  • d’inclure toutes les sexualités (LGBTQIA+, handicap, sexualités non pénétratives),

  • de replacer le plaisir et le désir au centre, plutôt que le “respect d’un scénario”.


Oui, la pénétration peut être rassurante et épanouissante.

Mais elle peut aussi être enfermante si elle devient l’unique référence.


💡 Tips du sexologue

👉Pour autant, ne cherchez pas à remplacer la pénétration par “une autre pratique obligatoire”. Expérimentez, variez, combinez. La sexualité n’a pas besoin d’un centre unique : elle peut se vivre comme une mosaïque de moments sensuels, où chaque partenaire trouve sa place. Et souvenez-vous que ce qui fait plaisir varie d’une personne à l’autre, et aussi d’un moment à un autre.


📚 Pour aller plus loin

  • Page M. Par-delà la pénétration. Zones, 2020.

  • Despentes V. King Kong Théorie. Grasset, 2006.

  • Terrou M. Malbaise. Robert Laffont, 2022.

  • Giami A. Sexual Scripts and Sexual Practices: A Theory Revisited. Sexologies, 2015.

  • Bozon M. Sociologie de la sexualité. Armand Colin, 2021.



 
 
 

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Dr Antoine CANAT

Médecin Sexologue

Membre adhérent du CEFRAAP

Membre adhérent de la Fédération Addiction

Adresse

MSP Mont à Camp

1 avenue Mont à Camp

59160 Lille - Lomme

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