𝗖𝗼𝗻𝘀𝗲𝗻𝘁𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 : 𝗰𝗼𝗺𝗽𝗿𝗲𝗻𝗱𝗿𝗲, 𝘀𝗲𝗻𝘁𝗶𝗿, 𝗿𝗲𝘀𝗽𝗲𝗰𝘁𝗲𝗿
- Antoine Canat
- 26 nov.
- 4 min de lecture

On parle beaucoup du consentement, et c’est une excellente nouvelle. Mais dans la réalité du quotidien, ce n’est pas toujours simple : il y a nos émotions, nos envies fluctuantes, nos insécurités, nos habitudes, nos relations… et parfois nos doutes.
Le consentement, ce n’est pas une “case à cocher”.
C’est un processus vivant, un dialogue continu entre deux (ou plusieurs) personnes.
Il change, il évolue, il s’adapte.
𝗟𝗲 𝗰𝗼𝗻𝘀𝗲𝗻𝘁𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁, 𝗰’𝗲𝘀𝘁 𝗾𝘂𝗼𝗶 𝗲𝗻 𝘃𝗿𝗮𝗶 ?
C’est un “oui” clair, libre, enthousiaste… et réversible.
Clair : on sait ce qu’on veut.
Libre : sans pression, sans dette, sans peur de perdre l’autre.
Enthousiaste : ça fait envie !
Réversible : on peut arrêter à tout moment, même si on avait dit oui au début.
Un “oui” obtenu par fatigue, par habitude, par peur de blesser, par pression implicite…
Ce n’est pas un consentement.
Et dans les relations de longue durée, le consentement reste tout aussi essentiel.
On ne “possède” jamais le corps de l’autre.
𝗟𝗲 𝗰𝗼𝗻𝘀𝗲𝗻𝘁𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁, 𝗰’𝗲𝘀𝘁 𝗮𝘂𝘀𝘀𝗶 𝘂𝗻 𝗲𝗻𝘀𝗲𝗺𝗯𝗹𝗲 𝗱𝗲 𝗿𝗲𝘀𝘀𝗲𝗻𝘁𝗶𝘀, 𝗱’𝗲́𝗹𝗮𝗻𝘀, 𝗱𝗲 𝗱𝗶𝗮𝗹𝗼𝗴𝘂𝗲𝘀
On imagine souvent le consentement comme un simple “oui” ou “non”.
En réalité, il s’appuie sur plusieurs axes qui se croisent, et qui peuvent fluctuer d’un moment à l’autre.
Une dimension émotionnelle
Le consentement, c’est d’abord un ressenti affectif :
- sentiment de sécurité ou au contraire d’insécurité,
- enthousiasme, curiosité, envie d’aller vers l’autre,
- ou à l’inverse : doute, fatigue, appréhension, malaise.
Les émotions servent souvent de signal précoce :
si quelque chose se contracte, se crispe ou hésite, c’est déjà une information importante.
Un mouvement vers l’autre
Le consentement entre partenaire.s, c’est aussi un élan, une dynamique :
- un désir mutuel d’aller vers l’autre,
- une envie partagée,
- un mouvement intérieur de rapprochement.
Le désir sexuel n’est pas une émotion, mais il s’appuie sur elles : sécurité, attachement, excitation, confiance…
C’est un mouvement fluide, qui peut apparaître, disparaître, revenir.
Ce mouvement-là ne se force jamais.
Une dimension relationnelle et de communication
Le consentement n’est pas seulement intérieur :
il se cocrée à deux (ou plus) dans la relation.
Cela implique :
pouvoir dire ce que l’on souhaite, ce que l’on ne souhaite pas,
pouvoir exprimer un stop, une hésitation, un besoin de pause,
mais aussi la capacité du/de la partenaire à :
- écouter,
- reformuler,
- vérifier,
- accueillir les limites,
- ajuster son comportement.
Un consentement n’existe pas si l’autre n’écoute pas.
Une dimension corporelle et sensorielle
Le corps parle parfois avant les pensées :
- un vécu (dés)agréable, sensations de confort ou d’inconfort,
- l'accueil, la disponibilité ou au contraire fermeture,
- présence d’excitation sexuelle… ou absence totale,
- facilité à écouter son corps, ou au contraire brouillage des signaux.
Le corps est un “baromètre” précieux : tension, souffle court, crispation, chaleur, fluidité… rien n’est anodin.
Une inscription dans le temps
Le consentement n’est pas un acte ponctuel : c’est quelque chose qui vit dans la durée.
- On peut dire oui puis non,
- ou non puis oui,
- on peut avoir besoin de temps, d’un silence, d’une réflexion,
- on peut s'arrêter, reprendre, changer d’avis.
Le consentement suppose un temps intérieur pour s’autoriser ou non à aller vers le rapport, sans précipitation.
Avant et après : deux moments tout aussi importants
Avant :
À distance des émotions fortes, on peut se demander :
- “Qu’est-ce qui me met à l’aise ?”
- “De quoi ai-je besoin pour me sentir en sécurité ?”
- “Quel est le bon cadre pour moi aujourd’hui ?”
C’est une forme de set & setting intime : réfléchir au contexte, à l’ambiance, à l’état émotionnel, aux besoins du moment.
Après :
Il peut être précieux de revenir sur ce qui s’est passé :
- “Qu’est-ce que j’ai aimé ?”
- “Qu’est-ce qui m’a mis en difficulté ?”
- “Qu’est-ce que j’aurais aimé dire mais que je n’ai pas osé exprimer ?”
Cela permet d’ajuster, de rassurer, de renforcer la confiance — pour soi et pour la relation.
Et pour les personnes trans, non binaires ou non cisgenres ?
Le consentement est là aussi essentiel, surtout quand :
il existe un vécu de dysphorie, de désalignement entre son vécu personnel et son corps,
certaines zones du corps ne sont pas “neutres”,
les mots et les gestes peuvent être activants ou douloureux.
Ici, le respect scrupuleux des limites et du langage corporel est fondamental.
Et le droit de dire non (ou stop) doit être absolu.
Tips du sexologue
Le consentement n’est pas juste un “oui ou non” : c’est un espace de liberté.
On peut dire oui à certaines choses, non à d’autres, oui puis non, non puis oui, oui mais pas maintenant…
C’est normal, c’est sain, c’est humain. Le consentement peut en soi être un facteur d’excitation, d’érotisation, de fantasmes, et agrémenter positivement nos sexualités.
Un témoignage anonyme
“Pendant longtemps je n’osais pas dire que je n’avais plus envie, parce que j’avais peur de décevoir. Le jour où on a commencé à parler de ce qui me mettait vraiment à l’aise, j’ai redécouvert une sexualité où je pouvais respirer. C’est la première fois que j’ai eu la sensation d’être pleinement présente.”
Pour aller plus loin
Un outil à venir très intéressant développé par Lou Fournier – Infirmière sexologue et Clémence Rajac – Psychologue sexologue: le consentomètre, dont une partie de ce post a été tiré. Merci à elles.



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